Discussion avec la Reine. [PV: Adana Eiwa]

Le Créateur entra dans la salle des Guidhmage, ou reposait une Camera Obscura. Cet objet était en fait une énorme lentille d'un blanc lumineux, grâce auquel celui qui l'utilisait pouvait voir ce qui se passait sur tout le continent. Mais cette fois ci, il allait l'utiliser pour tout autre chose. Il allait montrer à la Reine à quel point sa cause était désespérée. De plus en plus de gens rejoignaient les rangs des Déchus, et leurs forces ne cessaient de croître. Même si les Xunlai n'avaient rien à leur envier, la passion des Déchus décuplaient leurs pouvoirs.
Il utilisa la magie pour activer la Camera Obscura, et attendit un moment. Il avait HighMonch en visuel. Il se rapprocha lentement, entra dans le palais, et trouva un miroir assez solide pour refléter le visage du Créateur. Ca tombait bien, la Reine était présente. Il matérialisa son visage dessus, et entama la discussion.

" Bien le bonjour, Reine Adana. Que faites-vous ? Vous comptez les pertes subies par les Xunlais ? Les agressions de monstres ? Le déficit de vôtre économie ? Ou bien désespérez vous en attendant une occasion de pouvoir m'atteindre ? Je sais que les Xunlai ne rêvent que de ça... pouvoir enfin me détruire, et libérer le monde de mon emprise..."

Il souriait largement, observant la reine qui s'était tournée vers lui. Ses longs cheveux tombaient de chaque côté de son visage, et son regard était insondable. Il en serait autrement quand ses paroles percuteraient dans son esprit... Il aimait lui envoyer ses piques sur les pertes de ses hommes. Oh, lui aussi subissait beaucoup de pertes, mais plus il perdait d'hommes, et plus il trouvait le moyen d'en remplacer. Alors ce n'est pas ça qui l'inquiétait. Pas grand chose ne l'inquiétait d'ailleurs. Il était certain qu'il allait finir par remporter cette bataille éternelle. Cela dit elle n'était pas près de se terminer....

Son arrivée au château de HighMonch, avait ébranlé la cour et dans les couloirs, les courtisans comme les servants s'agglutinaient autour des piliers de marbre, seuls les gardes restaient immobiles. La Reine Adana faisait régulièrement son apparition dans la capitale, mais sa seule présence suffisait à inspirer le respect : tout son être respirait la grâce, la puissance et l'intelligence... ses longs et sombres cheveux tourbillonnant et sa robe blanche, légère comme l'air, flottant derrière elle, un parfum de fleur... de la prestance.
Son pas rapide résonnait contre les murs du corridor menant à la grande salle des réunions. A chacune des visites de la Reine, l'intendant la conduisait immédiatement au Gouverneur bien qu'elle connut déjà le château par coeur. Sa venue était toujours annonciatrice d'obscures nouvelles ces derniers temps, notamment sur la situation des fronts aux frontières de l'Occident.
Alors qu'elle méditait sur le sujet, une imperceptible sensation de froid l'atteignit au creux de son coeur, sensible. Elle s'arrêta net et posa son regard sur un somptueux miroir ornant le mur à sa droite. Bien que ses apparitions soient rares, les yeux sombres du Créateur qui la narguaient à la place de son reflet glacé ne la surprirent pas le moins du monde.

"Bien le bonjour, Reine Adana. Que faites-vous ? Vous comptez les pertes subies par les Xunlais ? Les agressions de monstres ? Le déficit de votre économie ? Ou bien désespérez vous en attendant une occasion de pouvoir m'atteindre ? Je sais que les Xunlais ne rêvent que de ça... pouvoir enfin me détruire, et libérer le monde de mon emprise..." siffla-t-il.

Adana ne laissa paraître aucune expression. Les murs du grand couloir comme ceux du reste du château, étaient richement décorés de fresques colorées. Chaque ligne, chaque gravure retraçait l'Histoire de la Création de Wanderya et les couleurs lumineuses symbolisaient la prospérité du peuple de jadis. La Reine, ainsi que de rares individus, avaient le privilège d'être les derniers témoins de ce temps aujourd'hui perdu. L'intendant s'éloignait vers le fond du corridor.

"Les rangs Xunlais disparaissent, mais vous ne perdez pas moins de vos répugnants sujets que nous de nos guerriers. Vous avez créé ce monde selon des règles que votre âme, maintenant souillée, ne saurait remodeler à votre guise. Ces règles s'appliquent à présent autant qu'à nous, mortels, qu'aux démons de votre race. Sans la Lumière, l'Ombre ne peut exister. Que vous éradiquiez mon peuple ne fera jamais de vous le vainqueur."

En même temps qu'elle parlait, elle étudiait le sourire qui s'était dessiné sur le visage de son interlocuteur : des fossettes creusées dans ses joues, ses lèvres pâles s'étirant et découvrant une dentition parfaite. Il était beau mais le mal le rendait presque repoussant.

La voix de la Reine était douce et envoûtante, elle-même était resplendissante, mais plus elle parlait, plus elle l'exaspérait. Elle ne voulait pas comprendre que tout espoir était perdu pour elle. Il retrouverait le moyen d'utiliser l'Orbe de Création, et là leur destin serait scellé. Mais elle continuait de croire en sa cause, et les Xunlai la suivaient aveuglément.

D'un autre côté, les Déchus le suivaient tous aveuglément aussi. Le nombre de morts dans leurs rangs ne les effrayaient pas.

" Mes répugnants sujets dis-tu ? Allons, ne sois pas si catégorique.Les Déchus et les Xunlais se ressemblent énormément. Les deux sont déchirés par leur passion et l'envie de voir leur but accompli. Ce sont tous les mêmes. Je veux cependant vous anéantir car vous réfutez encore mon existence, alors que tu vois bien que je suis devant toi. Je pourrais me montrer devant tous les Xunlai, ils me verraient, et croiraient mon existence... mais... il suffirait d'un mot de ta part pour qu'ils retournent sur le droit chemin ! Je vous détruirai, quoi que tu en penses. Je reccourrai à des moyens affreux s'il le faut. Je pourrais éveiller Gaïa, qui dort actuellement en territoire Xunlai. Combien d'hectares anéantis par un seul pas de ce golgoth ? "

L'éclat rouge de ses yeux éclairait presque la pièce à travers le miroir. Derrière le Créateur, une créature se matérialisa dans l'ombre. Elle avait la forme d'un corbeau, mais beaucoup plus grand, et ses yeux rouges laissaient croire que le côté obscur du Créateur s'était manifesté. Le corbeau sauta sur son épaule et fixa la reine, avec dans ses yeux un air sournois et narquois.
Le Créateur n'allait pas tarder à perdre patience. Cette femme croyait en sa cause au delà de tout. C'en était presque énervant. Le Créateur aussi croyait en ses idéaux, mais il les savait proche de se réaliser. Alors qu'elle...

Le Créateur observait maintenant la pièce. Les peintures luxuriantes tracées sur les murs et le plafond retraçaient l'histoire de la création du continent, vue par les hommes. Evidemment, leur imagination avait abominablement déformé les faits. Et en plus, le Créateur était représenté comme un Dieu bienveillant. La vérité après toute ses années laissait à désirer. Il n'était plus gentil, ni bienveillant.
Mais après toute période de création... vient la destruction...

Elle soupira, il disait vrai, mais en partie seulement. L'un comme l'autre, chaque camp défendait des idéaux bien ancrés dans le coeur de ses hommes. Tout le monde se battait , presque personne ne craignait la mort grâce à la foi que chacun portait dans ses rêves... de bien ou de mal.
Seulement, certain nombre de Déchus voyait ce retour du Créateur comme la promesse de la naissance d'une nouvelle ère de propérité, d'autres comme celle d'un prochain monde de pouvoir où ils se penseraient privilégiés par leur Maître. Mais aucun n'avait réfléchi aux conséquences du règne du Créateur dans son état actuel. Un univers régi par la force déboucherait assurément sur une folie collective si celle-ci n'est pas déjà présente. Ils s'entre-tueraient tous pour le pouvoir, par cupidité, par avidité... Telle est la nature de l'Homme dans une société. Seul, il ne représente pas une menace pour les autres, seulement pour lui-même. Mais jusqu'à un certain point.
Quant aux projets de la Reine, il étaient quelque peu différents de ceux de ses Xunlais. Elle, savait parfaitement que le Créateur était réel.
Ce que lui ne savait apparemment pas, c'était que Créateur ou pas Créateur, cela ne changeait absolument rien à leurs croyances ni aux difficultés auxquelles ils s'attendaient tous pour parvenir à libérer Wanderya de l'emprise des Déchus. Là était l'erreur de leur ennemi, il les sous-estimait fortement.
Et il l'a tutoyait, un léger demi-sourire étira les lèvres de la femme.

"Tout à fait, mais je ne m'en fais pas tellement en ce qui concerne Gaïa, j'en ai déjà vu des dangers comme lui. Et puisque même dans ton fantasme tu es capable d'un minimum de discernement, tu comprendras que ton heure de gloire n'a lieu qu'en le temps présent. Quand tu auras dévasté le continent de ton souffle malsain, tu n'auras même plus de raison d'être. Ah, on dirait même que tes animaux de compagnie sont corrompus."

En réalité, les créatures comme Gaïa étaient redoutables, même pour Adana. Elle en avait parfaitement conscience mais mieux valait démontrer l'assurance devant l'ennemi. Quoiqu'il en soit, si il réveillait le monstre, et comptons là-dessus, elle s'en chargerait elle-même et, bien qu'elle ne risquât pas sa vie face à un colosse somnolant, il lui donnerait bien du fil à retordre.

Elle l'insultait en plus. Là c'en était trop. Il s'échauffait, et détestait ça. Elle osait l'insulter, elle, alors qu'elle lui devait la vie, ainsi que tous les êtres sur cette terre ! Cette insolence et ce manque de reconnaissance le pesaient sérieusement. Ils pensaient tous que le monde se porteraient mieux sans le Créateur. Eh bien ils avaient tort. Les pouvoirs enfermés dans l'Orbe de Création étaient immenses, mais n'étaient que le complément de ceux que le Créateur avait conservés.
Il n'avait pas besoin de l'Orbe, il s'occuperait de ça une fois les Xunlai anéantis. Un camp pour le bien, l'autre pour le mal.

" Ecoute moi, Eiwa... tu me dois la vie, tu entends, la vie, ainsi que celle de tous tes semblables ! Insulte moi encore une fois... une seule fois... et j'envoie toutes les forces de Furentez sur celles de HighMonch ! Il ne restera qu'un tas de ruines embrasées, et tu seras seule à contempler l'ampleur du massacre. Alors cesse de provoquer mon courroux, souveraine Xunlai, parce qe tu le regretteras amèrement, et c'est tout seuf une plaisanterie. Notre petite discussion arrive à son terme, Altesse, et attention à la prochaine fois ou nous discuterons..."

Son ton était devenu si froid, que lorsque son image quitta le miroir, il se fissura dans toute sa longueur, et des morceaux de verre tombèrent au sol.
Dans la salle de la camera obscura, Le Créateur sortit en trombe et retourna à l'intérieur du Mont Aletheia, salué au passage par les Guildhmages qui revenaient d'une quelconque conférence. Il les ignora, énervé, et entra brutalement dans le palais d'obsidienne, noir comme la nuit et froid comme la glace. Il marchait d'un pas furax, et entra dans ses quartiers tout aussi énervé.

* Rah celle là... elle le paiera... tôt ou tard elle le paiera !*

» rp avec un Xunlai particulier ?