D’obscurs et d’étranges bruits tintaient dans l’air. Cette résonnance presque douce aux oreilles d’un sourd devenait de plus en plus fréquente et lourde au fur et à mesure de sa proximité. Une personne marchait, posant à peine le pied sur le sol, préférant filer s’en détour. Non pas qu’elle ne foule l’herbe pâle en cette nuit ennivrante mais ses envies se faisaient ailleurs. Le bruit de cet attelage lui indiquait sa bonne fortune prochaine, son cheminement l’avait ainsi conduit aux abords d’une cité apportant avec elle un bel espoir, celui que la soirée n’était pas perdue. Tandis qu’elle avançait, les voix s’élevaient, la route s’éclairait et l’ambiance se faisait plus festive. Les murmures qu’elle avait entendus semblaient rappeler une fête dont beaucoup tarissaient d’éloges. Mais ce n’est point son éloignement qui lui indiquerait la véracité des faits.
Parlant de faits, il s’en était passé depuis quelques temps mais ceux-ci resteront scellés, pour un autre jour ou soir, un autre conte qui bercera peut-être la nuit d’une âme innocente qui sait ? Ce soir-là, elle n’avait point d’occupations particulières, préférant la solitude et ses pensées à un contrat ou un quelconque obstacle, pour une des rares fois de sa vie, elle s’octroyait une pause. Pensant un instant à son village natal, l’idée l’avait effleuré d’y mettre les pieds bien qu’elle se laissa transporter par l’air musical et rempli d’une adrénaline presque communicative. Les flammes dansaient à l’entrée de la cité accueillant les visiteurs venus de loin. Cependant, ces flammes n’inspiraient pas la bonté mais plus une sorte de danse macabre qui offraient à tous ses disciples un moment de répit dans les plus nobles des traditions. Ce n’est pas les chants traditionnels ni les cérémonies fleuries qui allaient couvrir la soirée mais plus les rites sanglants et les combats qui finiraient inlassablement par tomber. Seulement, son but de contempler par exemple cet extraordinaire monstre réussissant à mettre à terre cinq hommes d’un seul coup d’haleine lui plut assez. On se contente de choses peu éblouissantes mais tout aussi réjouissantes lorsqu’on est jeunes. Plus loin, il y avait un combat de lance, ce serait à qui l’enverrait plus loin avec pour prix l’un des esclaves se trouvant plus loin. A vrai dire, elle n’avait jamais réellement approuvé ce genre de « prisonniers » mais faire l’esclandre ne résoudrait rien et s’en prendre au maître de ses prétendus futurs domestiques ne changerait rien. C’est comme vouloir déplacer une montagne, seule la force d’un séisme le peut ou bien la convergence de deux plaques soient continentales ou océaniques. D’ailleurs, en parlant de ça, quelques points chauds culminaient, regarder ces personnes déjà étendues sur le sol, elle devait trouver l’endroit plus chaud qu’ailleurs pour se laisser piétiner ainsi sans bouger à moins que les ravages de l’alcool ne soient leur sombre dessein, auquel cas, elle les piétinerait sans scrupules, posant son pied sur le main, bras, pied, que sais-je sans même daigner offrir un regard à des malheureux qui n’en sont point et qui ne sont pas à plaindre.
Or, perdue dans ses pensées les plus effrayantes pour peu qu’on ose s’y intéresser, son chemin croisa celui d’un fin penseur qu’elle avait déjà eu le plaisir de rencontrer. Lui étant presque rentrée dedans, elle n’avait vu auparavant sa silhouette avant de le percuter légèrement. Baissant les yeux, ce n’était que…
« Libera Fimatis, étrange vision. Me suivriez-vous Monsieur Fimatis ? »
Ajouta avec une pointe de sarcasme qui pourtant ne se voulait dédaigneux.